Comment définiriez-vous le métier d’influenceur ?
Au sens strict du terme un influenceur est quelqu’un qui par son statut, sa position ou son exposition médiatique peut influencer les comportements de consommation et d’achat.
Toutefois, la définition d’un influenceur est devenue plus complexe au fil du temps et avec les modifications profondes de notre société en lien avec la digitalisation.
Si autrefois ce « métier » était réservé à une pseudo élite bénéficiant d’une notoriété publique le plus souvent liée à un statut de « star » (qu’on appelait autrefois les ambassadeurs des marques), aujourd’hui nous vivons une époque incroyable et passionnante dans laquelle chacun d’entre nous joue un rôle d’influenceurs ou de prescripteur parfois.
L’internet et plus particulièrement les réseaux sociaux ont permis de créer une nouvelle forme d’influence plus authentique, plus organique et à la base plus saine.
Le mouvement est tel qu’aujourd’hui les jeunes rêvent moins de devenir joueur de football, star de la musique ou mannequin et plus de devenir influenceur…
Pour résumé à l’extrême, je dirais que le métier d’influenceur consiste à développer son autorité dans un domaine qui nous passionne, de construire une communauté fidèle, réelle et surtout engagée autour de cette thématique ainsi que sa propre personne.
La confiance entre la communauté et l’influenceur est primordiale !
Le passage du hobby au métier se fait lorsqu’on arrive finalement à monétiser cette influence sous quelque forme que ce soit.
Vont-ils devenir des concurrents directs de la presse ? Le sont-ils déjà ?
Ils le sont déjà et ce n’est qu’un début car notre pays est, comme à son habitude, en retard mais les choses évoluent très rapidement. Plusieurs facteurs entrent en jeu comme la confiance accordée par les consommateurs au message ainsi que les comportements individuels en matière de communication.
Il faut comprendre qu’aujourd’hui, avec les publicités Facebook et Instagram, les actions « d’influence marketing » offrent le meilleur retour sur investissement qu’on puisse trouver sur le marché.
La presse vit effectivement une période de transition/disruption délicate depuis quelques années où les revenus publicitaires fondent comme neige au soleil au profit de nouveaus modes de communication.
Une fois de plus, à mon sens le mouvement va s’accélérer dans les prochains mois de manière exponentielle.
Nous vivons une époque dans laquelle l’attention est devenue de plus en plus difficile à capter et il suffit d’observer notre propre comportement pour se rendre compte que notre manière de nous informer a complétement changée.
Je ne dis pas qu’une annonce dans la presse ne peut pas faire mouche ou une pub TV. En revanche, je peux vous assurer que ces moyens sont devenus affreusement chers en comparaison avec ce qu’on appelait les nouveaux médias.
La quête du Graal pour une marque consistera toujours à trouver l’attention pour un moindre coût et comme je le disais plus haut, le marketing d’influence offre des opportunités incroyables.
Peut-on considérer les influenceurs comme des leaders d’opinion ?
Totalement.
Il a toujours existé des leaders d’opinions. Des personnes qui, au travers de leur « aura », influencent les comportements de plus grand nombre. Les gens agissent la plupart du temps par effet de réplication, d’appropriation ou de projection.
La différence c’est que les réseaux sociaux ont permis de faire exploser littéralement les barrières à l’entrée et permettent à tout un chacun de pouvoir diffuser son message à une échelle que le monde n’a jamais connu.
Imaginez l’impact qu’on peut avoir au travers d’Instagram, Facebook, Youtube et les autres !
De plus et au-delà des influenceurs qui possèdent une audience à large échelle, on trouve également de très nombreux micro-influenceurs qui ont un rayonnement local très fort.
On assiste donc à l’émergence d’un genre nouveau de leaders d’opinion qui nous ressemblent ou peuvent parfois nous faire rêver et nous inspirer.
Rajoutez à cela un sentiment d’authenticité et de confiance avec la communauté et vous obtiendrez la recette d’un formidable levier pour orienter l’opinion ainsi que les comportements d’achat.
A partir de combien d’abonnés un blogueur, ou un instagrameur devient-il influenceur ?
Comme je le disais plus haut, la taille de la communauté n’est pas l’unique élément à prendre en compte.
Ce qui compte par-dessus tout c’est l’engagement !
A quoi bon avoir 20’000 followers si personnes ne « like », commente ou mieux partage les contenus ?
Tout dépend également des objectifs poursuivis par les marques ou les personnes qui souhaite devenir des leaders d’opinion numériques.
Il existe des micro-influenceurs locaux avec une communauté de quelques centaines ou milliers de fans et qui ont une très forte influence car ceux-ci sont devenus de véritables « évangélistes » au sens marketing du terme.
D’ailleurs, il s’agit d’une stratégie pratiquée par des entreprises pionnières qui préfèrent faire appel à une armée de « petits » influenceurs plutôt qu’à une star des réseaux sociaux aux tarifs qui prennent l’ascenseur.
A quel moment peut-on les considérer comme des professionnels dans le domaine ?
Partir du moment où ceux-ci peuvent vivre, du moins en partie, au travers de leurs diverses activités et qu’ils agissent avec une véritable approche professionnelle envers les clients.
Car se faire offrir des produits ou des services c’est sympathique mais cela ne permet pas de payer le loyer.
La monétisation reste un enjeu majeur dans ces nouveaux métiers où les marques ne comprennent pas toute encore le formidable retour sur investissement d’une telle dépense.
Aujourd’hui, les choses se structurent et les influenceurs qui souhaitent réussir ne peuvent plus se contenter d’écrire des articles ou faire des belles photos au creux du van 🙂
Il convient de proposer un véritable service aux marques, de proposer des stratégies marketing, du conseil et de les accompagner dans toutes les étapes du processus.
De plus, il faut être en mesure de démarcher des clients et négocier des éventuels contrats. En une phrase : devenir sa propre entreprise média !
Je citerais Murad et Nataly Osmann (@followmeto) en exemple à ce niveau car leur démarche est tout simplement un modèle du genre.
L’achat d’abonnés est-il un passage obligé pour percer ? Le conseillerez-vous ? Que peut-on dire de cette pratique ?
Au contraire, je dirais qu’il s’agit probablement de la pire chose à faire ! Après chacun fait ce qu’il veut…
Souvenez-vous que la véritable valeur d’un influenceur c’est l’engagement de sa communauté et donc avec des followers fantômes…
De plus, les algorithmes qui gèrent les publications sur les réseaux sociaux détestent cela !
Personne n’est également dupe au niveau des professionnels et ce type de comportement est vite repéré détruisant au passage totalement l’authenticité ainsi que la confiance. Pire, cela discrédite ceux et celles qui n’utilisent pas ce type de « raccourcis » …
Construire une communauté et développer une vraie relation avec elle est un travail de très longue haleine qui prend souvent des années. Je dirais qu’il faut à la fois être un superbe sprinter dans l’exécution au jour le jour ET un incroyable marathonien au niveau stratégique.
La patience est le premier superpouvoir de l’influenceur ! Le succès passe par un engagement de tous les instants. Il faut gagner la confiance des fans like après like, commentaire après commentaire et surtout avec une grande authenticité.
Comment se passe les collaborations avec les marques ?
Tout dépend des marques et de l’influenceur. Il faut bien entendu toujours trouver un terrain commun et un mode de collaboration « gagnant-gagnant ».
Au début, tout se passait par un échange de bon procédé du type :
Tu bénéficies d’un produit/service et si tu l’apprécies, tu en parles à ta communauté.
Aujourd’hui et avec la professionnalisation de ce « métier » il s’agit de plus en plus souvent d’une transaction financière contre un accès à une communauté au travers d’un relai de confiance (l’influenceur).
Une nouvelle fois, toute la difficulté est de déterminer combien cela vaut ? S’agit-il uniquement d’une simple publication avec le produit ou de la conception d’une stratégie de contenu et de diffusion complète ?
Il est difficile de donner un conseil générique. Tout est une question d’offre et de demande…
Est-il possible de percer, faire sa place, en étant de Neuchâtel et en y restant ?
Je pense que c’est possible. Une nouvelle fois, tout dépend des objectifs fixés et du type de communauté qu’on souhaite construire.
La technologie permet de faire beaucoup de chose à distance également.
Cependant, il est évident que certaines activités demandent de se rapprocher des centres d’intérêts concernés. Certains influenceurs voyagent d’ailleurs la plupart du temps.
En revanche, il est vrai que « l’écosystème » des créateurs de contenu n’existe pas encore dans notre région. Mais, on y travaille et les choses évoluent très rapidement. Mon rêve est de réussir à positionner notre canton dans ce domaine dans les prochaines années.
Il faut prendre le train avant qu’il ne soit trop tard…
Il existe une créativité dingue dans notre région et il faut impérativement que nous puissions rayonner au-delà de nos frontières.
Quel sont les influenceurs les plus connus ? Et ceux qui devraient bientôt percer et pour quelles raisons ?
C’est une question délicate et tout est une question de niche d’influence. Je n’aimerais oublier personne…
Si on parle uniquement de la région, on compte déjà quelques personnes originaires de notre région qui sont au cœur de communautés dynamiques et qui ont réussi à développer une influence forte.
Jorge Guerreiro (JSBG) a été un précurseur en la matière et il a ouvert la voie au niveau du « lifestyle » au sens large.
J’ai également eu l’occasion de rencontrer dernièrement Harmonie Keller Matthey alias Second.thought qui réalise un travail de haute qualité avec passion.
De mon côté, je suis particulièrement fier d’avoir réussi à créer une communauté relativement nombreuse et surtout très engagée au niveau francophone autour de l’entrepreneuriat et du marketing digital.
Et je suis persuadé que ce n’est qu’un début car on voit arriver des personnes talentueuses dans des domaines aussi divers que la mode, la photographie, le sport, le voyage…
Je me réjouis donc déjà de la suite ! The future is bright.
#BeAStarter